Très tôt, j'ai compris qu'il fallait adapter la tradition ardue de la fresque murale aux exigences contemporaines. Elle était pénible, chronophage et sujette à des accidents malheureux dûs au climat, à la faiblesse des supports et à un savoir-faire trop complexe. Les réparations et retouches invisibles étaient également impossibles.

Finalement, c'est en 1985 que j'allais faire une découverte qui allait changer le cours de ma vie d'artiste. Grâce au Canada où fut publié un livre technique sur la façon d'améliorer les qualités de la chaux en utilisant divers additifs.

J'ai pu alors tester toutes ces solutions et découvrir l'ingrédient miracle : le magnésium ! Il avait le pouvoir de transformer la chaux en matériau parfait pour les fresquistes : solidité et durabilité accrues, résistance améliorée à l'humidité, meilleure maniabilité et souplesse, permettant de superposer jusqu'à 5 couches fines comme du papier. La solidité était étonnante même en extérieur, permettant des rendus artistiques extraordinaires, impossibles jusqu'alors. Associé à du sable très fin et à des pigments il pouvait être utilisé comme un stuc directement sur des surfaces cimentées, voire sur du béton.

J'ai immédiatement commencé à réaliser des centaines d'échantillons, en testant tous les effets possibles causés par la réaction à d'autres éléments comme la cire, divers pigments minéraux et naturels, le savon, les vernis commerciaux et naturels, les vernis acryliques à base aqueuse et toutes sortes d'ingrédients exotiques dont je connaissais déjà les vertus. C'était exaltant et magique de voir tous ces effets étonnants apparaître sous mes mains presque sans effort. Je pouvais enfin réaliser mon rêve de reproduire les processus de la nature minérale à volonté et sur de grandes surfaces.

 

J'appris à les maîtriser tout en affinant le processus et le rendre accessible à mon équipe d'assistants. Il était également important qu'il puisse être répété avec un résultat constant. Je me souviens encore des cris de joie qu'ils poussaient lorsqu'ils réussissaient finalement à maîtriser ces techniques révolutionnaires. Ces hommes parfois rudes avaient l'impression de devenir des artistes en l'espace d'une semaine !
Au bout d'un certain temps, j'ai pu créer de beaux effets impressionnistes, en superposant différentes couches de couleurs différentes. J'ai découvert que commencer par un ton sombre ou fort était toujours la meilleure solution et produisait les plus beaux effets. Pour les couches suivantes, je pouvais jouer avec des couleurs contrastées ou des tons plus légers pour un effet plus naturel.
Ensuite, chaque couche de cette très fine chaux dolomitique devait être brunie (polie) avec un couteau en acier pour faire ressortir la richesse de la couleur et accélérer le processus d'oxydation. Après 3 couches, l'effet impressionniste était créé car elles commençaient à fusionner et à jouer les unes avec les autres.
C'était génial !
Pour mettre en valeur cette beauté déjà envoûtante, j'ai dû la protéger soit avec de la cire de Carnauba brésilienne naturelle pour plus de brillance, soit avec un scellant à base d'eau pour un effet mâtifiant. Toutes ces techniques devaient également être testées minutieusement.

Nous étions prêts à embellir et émerveiller le monde !

​

Sur la base de cette découverte et d'autres, j'ai pu inventer une douzaine de techniques, encore utilisées aujourd'hui par différentes entreprises et artistes du monde entier.